L’artiste sculpteur et peintre Joseph Anouma a exposé ses
toiles et ses sculptures de la
collection ‘’renaissance’’, le jeudi 10 janvier 2019 à la Rotonde des
arts à Abidjan. Intitulé ‘’renaissance’’, les œuvres exposées sont un ensemble
de toiles et de sculptures qui ont attiré de nombreux amoureux de l’art. Joseph
Anouma a indiqué qu’à travers ‘’renaissance’’, il ne cherche pas la réalité
tangible, mais plutôt, la réalité virtuelle. Pour expliquer le thème de cette
exposition à savoir ‘’renaissance’’, Joseph Anouma a pris l’exemple de la
résurrection « On meurt et on
ressuscite ». Et de donner l’exemple du grain de maïs qui avant
de germer et de porter des fruits meurt
dans le sol.
Pour lui, l’on doit
s’appuyer sur le passé pour construire le présent d’où le thème ’’
Renaissance’’ de son exposition. L’artiste a fait sienne la conception de Lavoisier,
‘’ Rien ne se crée, tout se transforme’’.Il a indiqué qu’un artiste à partir de
ce postulat doit respecter les anciens. Pour sa sculpture ‘’transhumance’’, taillée
avec des traits figuratifs et expressifs ; il a expliqué que lorsque deux
êtres s’aiment, ils doivent regarder dans la même direction et de poursuivre
que c’est cela le symbole de l’harmonie. Avec ‘’Passerelle’’, il aborde, le
passage de la vie sur terre à celle dans l’au-delà.
Il a édifié le public
avec son propre exemple. « En 1998, on n’avait annoncé ma mort, je
me suis retrouvé dans un tunnel pendant une longue période. Mes proches ont
même allumé des bougies et priaient autour de mon corps. Lorsque je me suis
réveillé, j’ai demandé un ragout de banane », conte-t-il la voix étreinte
d’émotions. Les peintures de l’artiste sont une capture du mouvement qui
mettent relief les forces de la nature, ses sculptures taillées finement dans
des essences comme l’Iroko et le Teck incite à la réflexion à la vue des formes
pluriels en harmonie. L’exposition’’ renaissance’’ court jusqu’au 09 février
pour les férus de l’art figuratif.
Adonis Nglèlè
Biographie de l'artiste
Né en 1949 à
Dabré (Alépé), Joseph Anouma a fait ses études secondaires au Collège Notre
Dame d’Afrique d’Abidjan. Après quatre ans passés à l’école des Beaux-Arts
d’Abidjan, il entre dans l’atelier de Paul Guimezannes à Tours (France) où il
obtient son diplôme national de gravure.
Il décroche d’autres certificats (techniques de Brin, Eau-Forte, Bois,
Lithographie) dans les ateliers de Georges Dayez, Lucien Couteaud et Lagrange
et le diplôme supérieur d’arts plastiques et de gravure en Taille-douce en
1974.
Rentré en
Côte d’Ivoire en 1975, Joseph Anouma est depuis cette date professeur de dessin
et de gravure à l’Institut National Supérieur des Arts et de l’Action
Culturelle (I.N.S.A.A.C. d’Abidjan). Il obtient le C.A.P.E.S. d’arts plastiques
en 1990.
Dans son
parcours professionnel, il a été chef de département des Arts plastiques à
l’Ecole Normal Supérieur d’Abidjan de 1989 à 1991, puis devient Directeur de
l’Ecole des Beaux-Arts d’Abidjan de 1991 à 1993. Tout en continuant à donner
des cours d’arts plastiques à l’Ecole des Beaux-Arts, il supervise depuis 1993
un programme culturel dénommé « Centres de Lecture et d’Animation
Culturelle (C.L.A.C.) » implanté dans la région nord de la Côte d’Ivoire
par l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (A.I.F.) en collaboration
avec le Ministère de la Culture et de la Francophonie du gouvernement ivoirien.
Professeur
de gravure et de dessin de son état, il excelle dans d’autres domaines
notamment en peinture, en sculpture, en poésie et en art dramatique. Il obtient
le grade d’Assistant de Grandes Ecoles en 2003.
Poèmes
Les Fruits Amers
Les forêts déboisées
Mon sourire voilé
Les mains chargées
De toutes les peines du monde
Le dollar a fait de moi
Le robot de l’Occident
Il a déraciné mes bananiers
Il a brûlé les épis de ma rizière
Il a creusé l’estomac de mes enfants
Et par-delà la brume de la misère
Je mendie chaque jour par les
sentiers déserts
Coule coule sueur des palmeraies
Voici l’abreuvoir des cocoteraies
Où l’on suce mon sang
Voici les larmes de la géhenne
Epandues sur les champs aurifères
Le dollar a fait de moi
L’orphelin de ma langue
Et pourtant le paradis
Paradis paradis
Afrique
Est-il vrai que tu t’es nourrie de
tous ces mensonges ?
Insurrection de la conscience
Qu’on me laisse seul frayer mon
chemin à travers la douce ombre de la nature dont j’aime déchiffrer les énigmes
dans un jeu de cauris.
Je sais marcher allègrement sur les
débris des palmistes décortiqués, éviter le duel fatal entre la grenouille et
le serpent corail.
Qu’on me laisse seul guider ma
pirogue sur les ondes houleuses des marécages couronnés de nénuphars.
Les poissons d’argent parmi les
algues dansent au rythme du tambour commun. Vienne le filet lugubre, ils iront
tous en enfer, hélices entrelacés.
Qu’on me laisse seul à présent
choisir mon pagne de fête pour aller au festin du veau gras.
L’appel du muezzin résonne dans la
vallée des chacals.
Que ceux qui n’ont jamais été hôtes
de la faim prennent leurs nattes et hivernent sur le parvis des mosquées comme
le ferait tout python d’Afrique dont la proie pèse à l’estomac.
Les ombres
J’ai allumé ma lampe et retourné le
creux du mortier
Contre la face de la terre
Je sens des effluves humains des
effluves de chair fumée
Nuit noir
Nuit de fermentation saisonnière
Nuit peuplée de cannibales
Il est des hommes-léopards
Il est des hommes-caïmans
Il est des hommes-vautours
Je les vois passer sept par septembre
Traînant à l’allongée de leurs lianes
Les victimes dont ils feront grand
festin
Au salon du fromager maudit
Nuit noir
Bientôt le jour se dressera sur ses ergots
Et les sorciers se volatiliseront
Pour reprendre forme humaines
Ne sors pas ô toi qui n’as que deux
yeux
Pour voir ce qui visible
Deux oreilles pour entendre
Sandobélès Sandobélès